Publié le
5 juin 2025
Gauthier
Une fois la MSP créée sur le papier et installée dans ses murs, le défi est de la faire vivre au quotidien en respectant les engagements du projet de santé. Il s’agit d’organiser le fonctionnement interne de l’équipe de façon pérenne. Les professionnels de santé de la structure exercent déjà une activité de soin, chronophage, rendant difficile à eux seuls d’amener à bien l’ensemble des projets de santé. C’est ainsi que la fonction de coordinateur/coordinatrice est née.
Depuis 2017, un cadre réglementaire renforce ce statut auprès des équipes et des partenaires, dans le cadre de l’Accord Conventionnel Interprofessionnel (ACI). Revenons ensemble sur le rôle du coordinateur au sein d’une MSP et d’une CPTS.
1. Qui peut être coordinateur ?
D’abord, la coordination doit être effective : dans chaque MSP, un référent coordonnateur est généralement désigné. Bien entendu, cela dépend de la taille de la structure. Il peut s’agir :
d’un professionnel de santé, exerçant une fonction de coordination en plus des soins habituels. Cela permet d’avoir une vision pratique de la coordination et de comprendre les enjeux d’au moins une partie des soignants. L’inconvénient principal est souvent le manque de temps. Cette solution est parfois employée dans les petites structures.
d’une ou plusieurs secrétaires à qui des tâches de coordination sont déléguées. Cette solution, employée dans certaines MSP de petite taille a l’avantage d’être moins coûteuse, mais la répartition des tâches à plusieurs employés rend l’action de coordination plus hétérogène et parfois moins efficiente.
d’un coordinateur exerçant à temps partiel ou à temps plein au sein de la structure. Cette solution est celle recommandée car elle permet d’exercer une véritable action de coordination avec un acteur dédié et formé à cet effet. De plus, la flexibilité du temps de travail du coordinateur et ses multiples statuts permettent de s’adapter à la taille de la structure. À noter que certaines coordinateurs sont d’anciens professionnels de santé.
Les coordinateurs peuvent être issus d’une formation administrative, de professionnel de santé, d’un master de santé publique, etc. Ils ont en général un niveau BAC + 5 mais cela n’est pas obligatoire.
2. Rôles du coordinateur
Son rôle est d’animer les réunions, de suivre les actions du projet de santé et d’être l’interface avec les différentes instances (ARS, Assurance Maladie, etc.).
Fait notable, les coordinateurs exercent de plus en plus leurs compétences dans plusieurs MSP, parfois avec un statut Freelance. C’est moins souvent le cas en CPTS.
Voici une liste (non exhaustive) des principales actions d'un coordinateur en MSP/CPTS :
Animation de la coordination interprofessionnelle
Maintien des relations interprofessionnelles via des réunions régulières
Préparation et suivi des réunions de coordination (agendas, secrétariat, planification) ;
Suivi de l’application des protocoles mis en place ;
Animation des réunions de concertation pluridisciplinaires ;
Promotion de démarches coopératives, propositions de nouveaux projets ;
Accueil et intégration des nouveaux professionnels et stagiaires.
Activité scientifique et application du projet de santé
Le coordinateur peut participer à la rédaction et à l’actualisation régulière du projet, à l’analyse des besoins de santé locaux, puis priorise et suit les différentes actions mises en place.
Démarche qualité : elle s’intègre parfaitement dans la formation PACTE et permet d’atteindre une qualité et une sécurité des soins ;
Promotion de la santé : réunions publiques, promotion des actions locales de santé publique, organisation des campagnes d’information, des actions de terrains de prévention, de dépistage, évaluation des actions, organisation de réunions de promotion des vaccinations… ;
Expérience patient : réalisation et analyse de questionnaires de satisfaction, implication des patients dans les activités de la MSP ;
Veille sur les innovations et adaptation au contexte local ;
Suivi de cohortes : identification des patients par pathologies spécifiques, organisation de séances d’éducation thérapeutique du patient (ETP) ;
Recherche documentaire et scientifique pour le développement d'activités innovantes, intégration de ces innovations au projet de santé ;
Élaboration et transmission sécurisée des plans personnalisés de soins (PPS).
Relations institutionnelles et administratives
Interactions avec l’ARS, CPAM et autres organismes ;
Collaboration éventuelle avec structures d’appui spécialisées (réseaux, gestionnaires de cas, SSIAD, HAD, dispositifs d’appui à la coordination) ;
Création et suivi des dossiers administratifs et des subventions (ACI) ;
Participation aux réunions institutionnelles et territoriales.
Gestion financière
Préparation des budgets prévisionnels et définitifs ;
Suivi des dépenses et des comptes ;
Préparation de la présentation des comptes en assemblée générale ;
Relations avec l’expert-comptable.
Actions spécifiques selon les besoins de la structure
Gestion juridique : mise à jour des statuts, organisation des AG, etc. ;
Gestion RH : recrutement, gestion administrative du personnel, suivi des formations et des congés ;
Gestion des stocks : approvisionnement en fournitures médicales et administratives ;
Hygiène : gestion des déchets, élaboration et suivi des protocoles d’entretien ;
Sécurité : maintenance des équipements d’urgence et sécurité incendie, formation aux premiers secours, élaboration d’un plan de gestion de crise sanitaire… ;
Lien ville-hôpital : développement des partenariats avec les établissements de soin, création des parcours de soin en retour d’hospitalisation, réflexion sur le partage des données médicales de façon sécurisée… ;
Gestion d’un site internet ;
Réalisation d’examens spécifiques (e.g. ECG).
3. Comment devenir coordinateur
Le métier de coordinateur est nouveau et les voies d’accès sont nombreuses. Il existe aujourd’hui une formation intitulée “Programme d’Amélioration Continu du Travail en Equipe (PACTE)”, dispensée par l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) permettant de reconnaître la formation. Celle-ci est organisée avec les fédérations locales et nationales.
4. Compétences et qualités requises
Un coordinateur doit faire preuve d’une grande polyvalence : compétences en management, en gestion financière et administrative, capacité à animer des équipes et à gérer des projets complexes. Mais au-delà des compétences techniques, des qualités relationnelles telles que l'écoute, la diplomatie, l'adaptabilité et l’empathie sont indispensables. Le coordinateur doit aussi savoir prendre du recul face aux situations difficiles, gérer les tensions éventuelles avec discernement, et rester bienveillant.
5. Quel financement de la fonction / Quel salaire pour le coordinateur ?
La principale source de financement est issue de l’Accord Conventionnel Interprofessionnel (ACI), même si l’indicateur lié à la fonction de coordination permet rarement de financer entièrement le poste. D’autres sources de financement existent telles que le fond FIR, les collectivités locales, etc.
Le salaire du coordinateur dépend de plusieurs facteurs :
Statut : salarié, auto-entrepreneur (sous la forme d’une micro-entreprise), Freelance, professionnel de santé, portage salarial, bénévole. La FEMASIF a mis en ligne un tableau résumant les différents statuts pour le coordinateur : https://www.femasif.fr/wp-content/uploads/sites/3/2020/05/tableau-contrats-coordinateur.pdf ;
Durée de travail (dans une ou plusieurs structures) ;
Niveau de responsabilité et tâches effectuées : cela est très variable selon la structure.
Selon la convention collective établie au sein de la structure, un coordinateur peut gagner de 2400 euros bruts à plus de 4000 euros bruts, mais cela dépend clairement des facteurs sus-cités. Certaines structures adoptent des tarifs plus élevés et d’autres sont rémunérés à la mission (auto-entrepreneurs).
La durée de travail d’un coordinateur est très variable et dépend surtout des besoins de la structure. Ainsi, une MSP de taille moyenne (10 à 15 professionnels de santé) requiert un coordinateur 1 à 2 fois par semaine en moyenne. Dans les plus grosses structures (> 50 professionnels de santé), un coordinateur est souvent nécessaire à temps plein. C’est ainsi que les coordinateurs travaillent généralement pour plusieurs structures (souvent deux, parfois trois).
6. Évolution et enjeux de la fonction
Le rôle du coordinateur est en constante évolution. En lien direct avec les enjeux de santé publique et la nécessaire amélioration des soins coordonnés, il est appelé à devenir un véritable métier à part entière, reconnu et valorisé au sein du secteur de la santé. Cette professionnalisation continue à se structurer grâce à des référentiels métiers, des associations régionales et nationales, et à travers des études régulières sur les pratiques et les conditions de travail.
7. Quelle différence avec le “leader” ?
En pratique, le leader n’a pas de statut officiel et correspond à un professionnel de santé, entreprenant, qui guide l’orientation générale de la structure, crée un dynamique d’équipe et organise au moins une partie des activités. Il a donc un rôle décisionnaire et peut déléguer certaines tâches à un coordinateur et faire éventuellement appel à un audit de pratique.
8. En conclusion
Le coordinateur constitue un véritable pivot dans l'organisation et l'optimisation du travail pluriprofessionnel. Il est aujourd'hui reconnu comme un acteur stratégique pour la réussite collective des équipes de santé et pour la qualité de prise en charge de la population.
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Sources
AVECsanté : Guide de la coordination