Publié le
18 mai 2025
Gauthier
Les modalités de travail en équipe pluriprofessionnelles reposent habituellement sur des échanges informels entre professionnels de santé.
L’organisation de réunions de concertation pluriprofessionnelles (RCP) au sein de maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) permet de structurer la discussion, d’améliorer la qualité des échanges, d’harmoniser les pratique et de bénéficier du regard de plusieurs professionnels autour d’un cas.
1. D’où viennent les RCP ?
Les réunions de concertation pluriprofessionnelles sont issues de l’oncologie médicale où la pluridisciplinarité est indispensable. Dans cette discipline, les patients sont souvent complexes et les décisions doivent reposer sur le regard complémentaire de plusieurs professionnels de santé. Ainsi, ces réunions regroupent habituellement un oncologue, une chirurgien, un radiothérapeute, un psychologue, le médecin traitant du patient, etc.
Un des objectifs du plan cancer 2003 était de faire bénéficier 100 % des nouveaux patients atteints de cancer d’une RCP autour de leur dossier. Les modalités d’organisation de la RCP sont ainsi définies par l’article D. 6124-131 du Code de la santé publique.
Sur le plan légal, une RCP en oncologie à visée diagnostique ou thérapeutique doit se faire en présence d’au moins 3 médecins de spécialités différentes intervenant auprès des patients atteints de cancer, permettant d’avoir un avis pertinent sur toutes les procédures envisagées.
Ces réunions peuvent avoir lieu dans toutes les autres disciplines et ont un intérêt majeur dans les structures d’exercice coordonné, tels que les MSP.
2. Pourquoi organiser des RCP ?
Ces réunions répondent à trois objectifs essentiels :
Gérer des situations complexes : lorsqu'un patient présente un cas difficile, la décision prise collégialement assure une meilleure qualité de soins, en intégrant l'expertise complémentaire des professionnels impliqués ;
Analyser des événements indésirables : elles facilitent l’identification des causes et la mise en place de mesures correctives pour sécuriser les soins ;
Définir des protocoles pluriprofessionnels : l’objectif est d’harmoniser les pratiques en définissant à l'avance les meilleures modalités de prise en charge pour certaines catégories de patients. Il existe deux types de protocoles : les protocoles de soin et les protocoles de coopération (cf. article dédié).
Au-delà de ces objectifs opérationnels, les RCP favorisent la création d'une véritable culture pluriprofessionnelle : elles renforcent la reconnaissance mutuelle et les relations de confiance entre les membres de l'équipe. Ainsi, d’après la HAS, une RCP correspondant autant à un staff sur le cas d’un patient qu’à une réunion autour d’amélioration de pratiques pluriprofessionnelles (e.g. protocoles).
3. Comment organiser efficacement une RCP ?
La réussite des RCP dépend de leur structuration claire et formalisée :
Régularité : les réunions doivent être organisées à une fréquence régulière adaptée aux besoins (au moins deux fois par mois en oncologie, souvent une fois par mois en MSP mais cela reste dépendant de chaque structure).
Préparation préalable : l’ordre du jour est communiqué en avance, permettant aux professionnels concernés de préparer leur contribution.
Traçabilité systématique : chaque décision prise doit être soigneusement documentée, incluant les références scientifiques utilisées et le suivi ultérieur prévu.
Coordination : un coordinateur est chargé de sélectionner les dossiers à discuter, d'informer les professionnels concernés et de gérer les convocations nécessaires. La mise en place d’un secrétariat ou d’une prise de note automatisée sécurisée permet de suivre les discussions.
Réalisation d’un compte-rendu : diffusé à tous les participants, il permet de tracer et de suivre les décisions prises en incluant tous les membres, garantissant une certaine transparence.
Suivi des décisions : il s’agit de contrôler l’application d’un protocole, constater l’amélioration des pratiques. Cela peut amener vers la programmation d’autres RCP.
4. Le déroulement pratique des RCP
Lors de chaque RCP, les dossiers des patients sont examinés collégialement. Une fois la décision collective prise, elle est explicitement tracée et communiquée au patient par le médecin référent.
En cas de divergence entre la décision collégiale et le traitement réellement délivré, des justifications claires doivent être inscrites dans le dossier patient. En effet, une décision prise en RCP n’impose pas le traitement au patient, qui reste libre d’accepter ou non la décision prise. C’est le médecin référent qui décide de la prescription finale, en accord ou non avec les résultats de la RCP.
5. Les documents des RCP
Les structures qui organisent des RCP doivent justifier d’un document support ou charte, qui est une sorte de règlement intérieur de la RCP, précisant son organisation et son fonctionnement.
L’avis de la RCP est le compte-rendu final de la RCP : il doit comporter la date de la réunion, la proposition thérapeutique et les alternatives possibles ainsi que les noms et qualifications des participants. Il est intégré ensuite dans le dossier du patient.
Il convient donc de tracer ces informations à chaque réunion pour une bonne organisation. Cela permet également de valoriser le travail de chaque participant aux réunions sous la forme d’une rémunération (taux horaire ou taux fixe par réunion).
6. Évaluation continue pour maintenir l'efficacité
Pour éviter que les RCP perdent en efficacité, une évaluation régulière est nécessaire. Cela inclut notamment :
L’évaluation de la pertinence des dossiers discutés.
La conformité des décisions avec les recommandations scientifiques actuelles.
La concordance entre les propositions thérapeutiques issues de la RCP et les traitements réellement administrés aux patients.
Conclusion
Les RCP ne sont pas simplement une exigence administrative, mais un outil puissant d'amélioration continue de la qualité des soins. En structurant les échanges informels initialement présents au sein des équipes, elles renforcent durablement la collaboration pluriprofessionnelle et assurent une prise en charge optimale des patients dans toutes les MSP et dans différentes spécialités, notamment en oncologie.
Sources
Haute Autorité de Santé : Réunion de concertation pluridisciplinaire